Balade botanique et littéraire  

Sur les bords de l'étang de Bolmon

Le dimanche 27 avril 2025



Complicité ou épousailles ?

L’étang de BOLMON

 

Ce dimanche 27 avril, j’allais me confronter à un site de randonnée qui allait changer ma vision, imaginée ou erronée, de ce que pouvait représenter un étang. Mon amour inconditionnel de la mer, revêtant vie, tumulte, lumière dévalorisait l’intérêt que je pouvais porter à l’étang de Bolmon.

Pour moi, étang était synonyme d’eaux saumâtres, noirâtres, mystérieuses et effrayantes. Un petit côté triste ou déprimant. Des eaux symbolisant décomposition où un monde d’insectes, de bestioles, de plantes, de petits animaux livraient bataille dans l’obscurité de façon scabreuse. J’avais oublié qu’autour de ce plan d’eau la vie fleurissait, les oiseaux pouvaient s’égayer ou profiter de ce contexte, paisiblement.

Grâce aux découvertes que nous fit faire Mireille, j’apprivoisais la flore qui, timide ou effrontée, affirmait une existence digne d’attention. Ma curiosité éveillée, je fis le parallèle avec les textes choisis et dits par Jacques sur la nature, son observation et les mots d’auteurs admiratifs des étangs comme écrit Maurice Gouiran : 

« L’étang parut nostalgique, remarquez bien que les étangs sont rarement des boute-en-train... » Mais il avait des raisons ! L’étang avait été privé de son passé, le canal du Rove ne pouvait plus se jeter dans la Méditerranée pour lui faire l’amour ! 

Premier signe d’attirance et de fusion !

Puis découverte du pavot cornu aux fleurs jaunes fragiles mais non moins persévérantes. Mireille nous dit qu’il en existe aux fleurs rouges. Je cherche et découvre plus loin une fleur rouge arrogante qui jaillit d’une touffe ! Fière, je la détaille et m’aperçois que c’est un coquelicot qui s’est glissé au cœur du minuscule buisson. La coquelicot rouge passion flirtait avec le pavot sensément jaune. Complicité et plus si affinités ?

Et le poirier à feuilles d’amandier ! Concubinage ?

Plus loin, explication du lichen : association d’une algue et d’un champignon. Fiançailles ou mariage ?

Pas de toro, mais texte de René Char : « Toro fauve d’amour ... un couple qui se poignarde unique parmi tous... ».

La nature de l’étang résume la vie. Pour en faire le constat il fallait bien s’arrêter dans la cabane du pêcheur pour « comparer nos malheurs et partager un peu de chaleur, parler de l’amour si je m’en souviens un peu », chante Francis Cabrel.

Les joncs entourant la cabane nous rappellent que les joncs nouent des liens solides. Je me souviens de mon amie québécoise qui me disait qu’elle « s’était faite passer le jonc ». « Passer le jonc » chez eux, c’est passer la bague au doigt !

L’étang a su s’entourer d’une faune et d’une flore qui ne cesse de démontrer qu’attirance, flirt, alliance, couple, concubinage, fiançailles, mariage sont des moyens de survie et d’épanouissement quand le milieu peut sembler incompréhensible ou hostile.

Merci à Mireille et Jacques d’avoir initié ce concept de randonnée.

Dany Castaing


RANDONNÉE  BOTANICO LITTERAIRE

 

Nous étions 30 au rendez-vous dominical. Nos animateurs, Jacques pour le côté littéraire et Mireille pour la partie botanique nous ont concocté une fort belle randonnée.

L’étang de Bolmon nous a accueillis sur 10 kilomètres faciles. Point de dénivelé, mais des fleurs à profusion, du vert en pagaille, quelques magnifiques oiseaux. Les parapluies étaient dans les sacs, mais ils n’ont pas servi.

Pour l’anniversaire du club en 2024, nous avions eu ce cadeau d’un beau spectacle en pleine nature sur l’île du Frioul. Du coup, cette année, j’ai attendu cette randonnée originale et je n’ai pas été déçue. Quelle chance de vivre ces moments !

Les découvertes sont toujours bonnes à prendre. Les auteurs des textes choisis, je ne les connais pas, mais un peu de culture par les temps qui courent, ça rend plus ouvert, en principe ! Je n’ai pas retenu  les noms de toutes les fleurs citées par Mireille, mais je les ai humées, observées et me suis  émerveillée devant ces variétés d’orchidées. J’ai même appris qu’elles ont développé d’extraordinaires stratégies pour attirer les insectes (élaboration de leurres).

Je n’ai retenu que quelques bribes des phrases lues par Jacques. Pour les chansons, j’ai reconnu les chanteurs mais là encore, j’ai découvert des textes nouveaux dont celui d’Anne Sylvestre chantant le lac saint Sébastien : « L’eau que les humains possèdent, ils la salissent » , dit-elle.

Dans le silence dérangé par les tirs du ball-trap proche, nous sommes restés unis et attentifs. J’ai fini  par les oublier. Plus loin, nous ne les entendions plus. La nature est encore plus belle dans le silence.

Les chansons de Cabrel, Aznavour, Pomme, Anne Sylvestre, ce  dimanche c’est assis sur l’herbe que nous les avons écoutées et comme a dit  Henri Frédéric Blanc dans un des textes lus par Jacques : « La beauté, c’est une fenêtre sur le paradis ». De plus , Henri Frédéric Blanc nous fait bien sourire avec ses commentaires sur la santé des riverains du pourtour de l’étang de Berre : L’expérience sur les hamsters qui comme les riverains se portent à merveille est une belle trouvaille.

Comment ne pas aimer les textes lus à l’enclos des « toros » (José Bergamin, René Char). Jacques nous fait osciller la tête entre lui et une photo de taureau (non pas camarguais mais espagnol, c’est une histoire de sens des cornes), pointe d’humour collée sur un enclos vide.

Mireille nous a demandé quelle plante nous avait plu. Pour ma part, c’est l’arum d'italie avec son immense pétale.

Les orchidées diverses jonchent le sol et on ne peut que s’extasier devant leurs noms en latin déclinés par Mireille grâce à sa connaissance des plantes.

La dernière halte sur un ponton nous a incités à rêver encore quelques instants sur une chanson de Francis Cabrel.

Les observatoires et la paire de jumelles d’Alain nous ont permis de voir la toilette d’un oiseau dont le reflet sur l’eau rendait encore plus belle la scène.

Au détour d’un chemin, nous avons découvert deux oiseaux aux pattes rouges : des échasses blanches. Sur une rive, un cygne, un cormoran noir, un foulque macroule, une aigrette garzette, une assemblée de flamands roses endormis et pour terminer, un ragondin. On a pu les observer sans les jumelles mais quelles merveilles avec l’appareil photo de Bernard !

Je ne pourrai plus regarder l’étang de Berre de la même façon après cette randonnée botanico-littéraire.

Hélène M.


 

Les vidéos  :  Textes par Jacques - Chansons - Mireille :

 

 


 

Toutes les photos

(noms des plantes en dessous)

 

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Quelques informations sur l'étang de Bolmon

Description :

Les rives de l’étang de Berre ont subi depuis le début du XXe siècle une industrialisation et une urbanisation marquées, au détriment des espaces naturels et des terres agricoles. L’étang de Bolmon se situe entre le massif de la Nerthe et l’Etang de Berre, duquel il est séparé par le cordon littoral sableux du Jaï. Il est alimenté en eau douce par la rivière Cadière.

Traité comme le réceptacle des rejets polluants du bassin versant dès les années 1970, l'intervention de l'Europe (programme Life MedWet), du Ministère de l’Environnement (réhabilitation de l’Etang de Berre et de ses rives), du Conservatoire du littoral (maîtrise foncière) et du SIBOJAI repris depuis 2018 par la métropole Aix-Marseille-Provence (gestionnaire) ont permis de le requalifier dès 1992, comme un espace naturel en cours de réhabilitation.

20 ans après, la plupart des pressions ayant été éliminées, ce site révèle toute sa richesse. Lagune peu salée de 600 ha, marais temporaires méditerranéens, prairies humides, sansouïres, pelouses steppiques, boisements (pinède et ripisylve) et lido dunaire composent la mosaïque de paysages naturels du site de l’Etang de Bolmon.

Histoire :

Les rives de l’Etang de Berre ont considérablement évolué au cours du temps. A la fin de la glaciation (il y a 10 000 ans), le niveau de la Méditerranée remonta créant ainsi l’actuelle « mer de Berre ». Cette mer intérieure offrait aux populations récemment arrivées des ressources naturelles et abondantes en poissons et en sel. Les Celto-ligures, qui occupaient le pourtour de l’étang avant l’arrivée des Grecs puis des Romains, furent appelés les Salyens car ils cultivaient le sel. L’économie locale resta longtemps centrée sur ces productions.

Puis, la culture de la Garance tinctoriale, utilisée pour la teinture des pantalons des « Lignards » en 1914, et celle de la Soude utilisée pour la fabrication du verre et du savon, persistèrent jusqu’au début du XXe siècle où elles sont délaissées au profit d’une industrialisation et d’une urbanisation des rives de l’Etang de Berre et de Bolmon.

C’est d’ailleurs pour contrer les projets de promoteurs immobiliers que le Conservatoire du littoral a commencé à acquérir des terrains sur l’étang du Bolmon à partir des années 1990.

La faune :

L’Etang de Bolmon constitue l’un des espaces naturels les plus riches en oiseaux du pourtour de l’Etang de Berre : à ce jour, 252 espèces ont été recensées dont une cinquantaine nicheuses telles que le Héron Crabier, le Canard chipeau, la Nette rousse, le Busard des roseaux, l’Echasse blanche et l’Œdicnème criard.

Parmi les hivernants et les migrateurs : Fuligules milouins et morillons, Balbuzard pêcheur, Eider à duvet…

Il abrite aussi des chauves-souris, des insectes (500 espèces recensées en 2001) ainsi que 16 espèces de reptiles dont la Cistude d’Europe, une tortue d’eau douce menacée et protégée.

La flore :

Dans les marais de Paluns et Barlatier se trouvent des phragmitaies, que jouxtent des prairies humides à Joncs et Scirpes maritimes ainsi que des sansouïres.

Ces marais abritent près de 30 espèces remarquables, menacées et protégées parmi lesquelles la Scorsonère à petites fleurs, le Crypsis piquant et la Cresse de Crête ou encore les herbiers de Renoncules aquatiques, de Callitiches, de Characées et de Zannichellie peltée.

Le cordon dunaire du Jaï, les pelouses steppiques et les îlots des 3 Frères en augmentent la richesse avec respectivement l'Ephedra distachya, l’Ophrys à miroir et la Saladelle cordée.

Gestion :

La gestion du site a été confiée au Syndicat Intercommunal du Bolmon et du Jaï (SIBOJAI) rassemblant les communes de Châteauneuf-les-Martigues et de Marignane jusqu’à fin 2017, date à laquelle la gestion a été transférée à la Métropole Aix-Marseille Provence

L’étang de Bolmon étant un espace naturel périurbain fortement fréquenté, il a fallu concilier tourisme de proximité, activités traditionnelles et sportives et préservation des écosystèmes.

Pour ce faire, les véhicules à moteurs sont désormais interdits sur le cordon du Jaï et un partage du territoire a été redéfini de manière à satisfaire les différents usagers (chasseurs, ornithologues, promeneurs…), tout en conservant la richesse faunistique et floristique du site. Pour cela, des réserves de chasse et de faune sauvage doivent être créées en concertation avec les associations de chasse et les naturalistes.