LES VISITEURS 2

« A LA PAPA LE LONG DES CANAUX DE BOURGOGNE »

(Séjour Vélo en Bourgogne – Château de Sermizelles  - 5 au 12 septembre 2022)

 

Participants (16) : Clara, Christophe, Hélène, Jean-François, Patricia, Francis, Jacqueline, Raymond, Jean-Claude, Michel B., Francine, Michel C., Christine, Noelle, Michèle, Jacques.

 


Photos de Patricia et Francis :

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Récit sous la plume de Jacques :

 

On a roulé « à la papa ». Dans le jargon du Tour de France : on a roulé tranquille (prononcer « triin-quiii-lle » à la marseillaise) ! Ils étaient loin les Tourmalet, Ventoux et autre Galibier ! Si vous vouliez rejoindre le peloton des AN-Vélo c’était cette année ! Rouler le long de canaux c’est la garantie que la pente n’excède pas 2%. A vos braquets ! Malgré cela, la moitié du peloton roulait avec l’assistance électrique (on ne donnera pas les noms), les autres se qualifiant pompeusement de « musculaires ». Musculaires contre électriques, on se serait cru dans « Camping », bien que les musculaires ne se la jouent pas « tout nus » -fesses obligent-.

En fait de camping, Clara, pensant généreusement à notre moyenne d’âge (on ne donnera pas le chiffre), nous avait installés cette année… dans un château ! Une fois de plus les couples eurent droit à des grands lits, les célibataires endurcis ou divorcés jurant qu’on ne les y prendrait plus se contentant de chambres à deux petits lits qui leur rappelait leurs jeunes années d’internat.

Futur.e.s cyclistes, si vous voulez nous rejoindre dans le confort le plus absolu, mariez-vous ou… restez fidèles.

Le château de Sermizelles : vous voyez le Moulinsart du capitaine Haddock ? Pareil. Avec son parc toujours vert malgré l’été brûlant et ses pelouses descendant s’abreuver à la rivière Cure, frontière de fraicheur. C’est donc dans cet écrin de luxe que la team « AN » se préparait, non pas à faire une cure comme certains (on ne donnera pas les noms), mais à vivre le tour des canaux de Bourgogne : 7 étapes – 230 km – 1700 m de dénivelé positif ! Y a rien, là ?

Pour un tel périple, il fallait bien un accueil de luxe : cuisine et frigo de collectivité, salle à manger aux tables interminables, salon de lecture, d’informatique, douches-WC dans la plupart des chambres, tête de lit en or pour la leader (on ne donnera pas le nom, il s’agissait d’une « musculaire »). Yves (là, on donne le nom), l’hôte de ces lieux, ne fut qu’attentions pour le peloton, nous offrant dès le premier soir force bouteilles d’un excellent Chablis… Ah oui ! je ne vous ai pas encore présenté la région : il n’y pas que de l’eau de Cure ! Sermizelles se situe entre Vézelay et Chablis, deux vignobles renommés auxquels nous ne manquâmes pas de nous rincer les gosiers après ces éreintantes étapes de plat.

Bien entendu, l’intendance du peloton avait tout prévu et une salle entière fut consacrée au stockage des vivres de courses, à savoir une cave entière de vins rouges et rosés, Ricard, apéritifs doux et durs, limoncello et autres liqueurs artisanales (que l’on fabrique et que l’on ne boit jamais sinon en course). A cette intendance ô combien nécessaire et efficace vinrent s’adjoindre force bières, belges, françaises, d’abbaye ou de soif, qui saturèrent bien vite nos frigos gigantesques au détriment du reste du ravitaillement qui eut bien du mal à se faire une place.

Vous comprendrez, donc ami.e cycliste néophyte qui salivez d’impatience de rejoindre une telle team, que cette première soirée fut consacrée à la remise en forme, à commencer par l’assouplissement des gosiers et des glottes.

 


 

Dès le lendemain, cependant, il fallut bien monter sur deux roues pour justifier cette activité dite sportive dans les statuts du club. Et là, je dois dire que Christophe et Jean-François, comme à leur habitude, avaient su nous concocter par contumace des étapes sur mesure, à commencer par cette vallée du Cousin, une rivière survivante au réchauffement climatique dont les ombrages et la fraîcheur salutaires accueillirent le passage du peloton lancé à vive allure (10km/h) et moins dans la terrible montée d’Avallon.

Las ! la traversée des villes propose de nombreux écueils aux coureuses et surtout aux coureurs. Parvenus en une place historique de la cité bourguignonne, deux d’entre eux furent attirés puis agressés par une grenouille en cuivre érigée en statue en cet endroit en l’an 2006 et conservée comme mascotte d’un circuit touristique.

Devant l’inertie de la statue de Vauban (une célébrité du coin) n’ayant même pas daigner descendre de son socle pour prêter main forte aux infortunés, nos deux échappés (nous tairons les noms mais il y a des photos) ne durent leur salut qu’à une connaissance certaine en matière de Kâma-Sûtra. La grenouille jura mais un peu tard qu’on ne les y reprendrait plus et adhéra aussitôt à #metoo. Le batracien terrassé et le premier café du tour avalé à Avallon, le peloton se repeletona pour poursuivre sa route.

Les paysages du coin se ressemblant tout de même un peu tous, point n’est besoin ici d’en dresser un tableau détaillé. Sachez simplement que l'après-midi de cette première étape s’avéra plus accidentée que la matinée et nous pûmes apprécier une fois de plus la popularité de l’un de nos équipiers (nous tairons le nom) lors de la traversée des nombreux villages où la gent féminine se pressait hors des maisons pour nous offrir généreusement de l’eau. Précisons toutefois que le dit-équipier, l’ingrat, ne s’attarda pas, ne réussissant depuis certain séjour en Ardèche à ne séduire que des fans octogénaires. Et cette pauvre groupie « qui passe sa vie à l’attendre, pour un mot pour un geste tendre »  rentra chez elle en rêvant qu’un jour « il va l’emmener »

Sous le seul public des bois, collines et descentes folles, nous regagnâmes notre luxueux logis où - et cela devint coutume vespérale - toutes et tous se réhydratèrent avec les apéritifs susnommés.

Pour cette première soirée, nos cuisinières (l’égalité H/F est loin d’être acquise) nous régalèrent de plats équilibrés amenés dans nos cantines tandis que les Hommes discutaient tactique pour l’étape du lendemain autour de boissons énergétiques à l’anis.

Ou bien sommes-nous déjà allés au restaurant ? … ou bien est-ce le jour suivant ? … De toutes façons ce récit n’a ni maillot jaune ni lanterne rouge.

 


 

Le lendemain, nous partîmes sous un ciel chargé en direction de Vézelay. L’étape fut courte et intense. Dès 10 h, nous nous retrouvions tous à boire le café dans une auberge de campagne sous une pluie battante (la pluie : vous vous souvenez ? Cette eau qui tombe du ciel ! La première depuis juin !). Heureusement que deux d’entre nous (dont une victime d’une blessure, nous tairons les noms) nous suivaient dans la voiture du commissaire de course, ce qui permit aux chauffeurs de rapatrier tout le monde au sec. L’étape fut ainsi neutralisée au 9° kilomètre.

Notre deuxième journée s’avéra donc journée de repos dont nous avions bien besoin, épuisés par le pastis et les grenouilles.

Chacun décida donc de vaquer à ses occupations, tout en gardant l’entrainement. C’est ainsi que profitant d’une éclaircie un groupe important put effectuer une trentaine de kilomètres autour du château. Je ne pourrai vous en donner le descriptif ayant été chargé par l’organisation d’aller, avec 3 comparses (nous tairons les noms), faire des repérages œnologiques en territoire chablisien. Notre mission accomplie de haute lutte, nous terminâmes le décrassage par un épuisant tournoi de pétanque en quatre parties.

L’ensemble du peloton, en pleine forme, put ensuite se sustenter à Avallon (loin de la grenouille) dans l’un des rares restaurants acceptant des groupes aussi importants à cette période. Mais la grenouille avait parlé : le serveur du restaurant avait manifestement la dent dure contre notre table, ne tolérant aucun écart de notre part comme, par exemple, le fait de retourner un verre qui ne servait pas…

Étrange, cette journée de repos.

 


 

Aujourd’hui, premier canal ! Le canal du Nivernais. Dans sa partie nord. Nous y reviendrons dans quelques jours plus au sud. Ce canal relie la Loire à l’Yonne, affluent de la Seine et donc assure la liaison entre bassins de Loire et de Seine. Nous n’en parcourrons qu’une soixantaine de kilomètres sur 2 étapes, les voies vertes bien aménagées sur les anciens chemins de halage permettant aux cyclistes fatigués ou âgés ou les deux de flâner paresseusement d’une écluse à l’autre. Calme et volupté sont ici garantis après les effortsdes soirées arrosées au château.

Deux mondes se côtoient le long de ces eaux un peu trop tranquilles à mon goût : les éclusières et éclusiers du cru, prouvant que les emplois de proximité au grand air existent encore, et les touristes australiens ou américains qui remontent le canal en mini-yacht avec ou sans permis. Ici les smicards de la nature mettent les milliardaires (j’exagère !) à niveaux. Si l’on quitte les rives pour chercher un café, on s’égare dans des villages aux habitants la plupart du temps fantômes et aux vieilles fermes délabrées à vendre aux parisiens (la capitale n’est qu’à 200 km). Curieuse région paisible et sereine mais qui respire l’abandon ; ou l’oubli.

 




 

Je ne vais pas vous décrire nos étapes suivantes jour après jour, le côté informatif du reportage n’étant pas ma spécialité. Sachez simplement que durant tout le reste de la semaine, nous parcourûmes en long et en large cette belle région du parc du Morvan, jouant à cache-cache avec la pluie (souvent gagnants), débusquant les innombrables châteaux ou manoirs cachés au creux des vallons. Parmi eux, celui de Bazoches, repaire d’un certain Vauban (il n’était pas là).

L’un des parcours les plus intrigants fut certainement la descente de l’Échelle des seize écluses de La Colancelle, toujours sur ce même canal du Nivernais. Après une matinée à lutter contre le vent du sud dans des « coups de cul » plutôt usant, la déclivité du canal en ces lieux nous permit d'apprécier ce royaume de la grenouille sans coup de pédale donner. Mais quel travail pharaonique que ces seize écluses pour passer du versant Loire au versant Seine !

Après une nouvelle journée de repos mystico-œnologique en la colline éternelle de Vézelay et sa basilique, Jean-François nous amena pour conclure notre périple vers Tonnerre et le canal de Bourgogne reliant lui la Saône à l’Yonne. Et notre séjour se conclut par un superbe repas de produits locaux au Moulin de Ruats, le seul restaurant ayant daigné accueillir notre peloton sur les bords du Cousin (vous vous souvenez, le premier jour ?). Là, nous découvrîmes un petit Vézelay blanc de derrière les fagots qui poussa même deux d’entre nous (nous tairons les noms) à faire un détour par le domaine pour y faire le plein pour tout le monde.

On ne peut pas dire que nous rentrâmes éreintés de notre « tour de Bourgogne » au niveau des canaux, mais parfois la lenteur et le calme « à la papa » valent bien les tourments des Ventoux et Tourmalet.

Merci aux organisateurs et trices d’avoir eu la curiosité d’éveiller la nôtre !

 

Jacques C.                                                         

                      


 

 

Photos : Jour 0

 

 

 


 

 

Photos : Jour 1

 

 


 

 

Photos : Jour 2

 

 


 

 

Photos : Jour 3

 

 


 

 

Photos : Jour 4

 

 


 

 

Photos : Jour 5

 

 


 

 

Photos : Jour 6