Repas annuel 2022

Le dimanche 11 décembre

Auberge du Grand-Réal

 

 

Nous étions 34, cette année encore, réunis grâce à Jean-Claude, pour un repas Amical à base de produits Naturels à l’Auberge du Grand-Réal..

Vous trouverez ci-dessous quelques explications sur ce lieu et ses sympathiques occupants.

Durant l’apéritif, Jean-Claude fit un petit discours inspiré de Grand Corps Malade.

Il donna ensuite la parole à Sylvie L., notre nouvelle présidente qui après avoir remercié le club de l’avoir accueillie, nous a dit tout le bien qu’elle pensait des activités, des membres et des animateurs.

Jacques, grâce à ses talents d’acteur professionnel nous fit ensuite une lecture émouvante d’un texte rédigé par Suzanne, sa maman, à l'occasion du cinquantenaire du club. Suzanne, qui nous a quittés, fut une AN fidèle, assidue et animatrice, durant plusieurs décennies. Nous sommes nombreux à nous souvenir de sa gentillesse et de son dévouement.

Voici, son texte, qui est aussi un témoignage :

 


Qu'évoquait  « Amitié et Nature » pour Suzanne ?

J'ai connu les AN en 1962. Je traînais mon ennui en regardant passer les voitures dans un village du Vaucluse ( que beaucoup d'entre nous connaissent maintenant). L'une d'elles s'arrête, faisant un bruit in­quiétant. Panne. Comme une volée de moineaux les passagers descendent. D'où viennent - ils ? Ils ont couché dehors, dans ce beau site, aujourd'hui interdits de camping, appelé « Colorado Provençal ». C'est un club de randonnée : « Amitié - Nature » de Marseille. C'est pour moi, le début d'une longue période d'aventure, de rêve, d'amitié. Du fond de ma mémoire me revient une pensée de Giono. « Les hommes, au fond, ça n'a pas été fait pour s'engraisser à l'auge, mais ça a été fait pour maigrir dans les chemins, tra­verser des arbres et des arbres, sans jamais revoir les mêmes arbres, s'en aller dans sa curiosité, connaître...».

Désormais, persuadée qu'on a autre chose à faire dans la vie que de travailler sans cesse, s'ouvrent pour moi quelque cinquante ans de parcours à pied dans les plus belles régions de France et d'ailleurs... Je ne sais plus à quelle date je me suis lancée dans la grande randonnée.

Où aller ?  Peut -être ai-je commencé par le tour du mont Blanc, suivant un sentier très accessi­ble parfois coupé de névés et d'éboulis, puis le GR 20 Corse et plusieurs autres traversées de l'île ; les Alpes, Dolomites, Vanoise, Grand Paradis, Alpes-Maritimes, les superbes Hautes Randonnées Pyrénéen­nes. Un jour se sont ajoutées des randonnées en vélo : Cornouailles, Hollande, Bourgogne, Aubrac, Montagne noire, Ouessant...

Par tâtonnements successifs nous avons mis au point une stratégie qui a accru le nombre des parti­cipants, amoureux de la nature et désireux de dépaysement.

Problèmes du paquetage

On ne peut pas partir les mains dans les poches. Partir 15 jours avec tout sur le dos demande ré­flexion : faire une liste( ne pas la perdre). Une montagne d'objets se dresse dans votre vestibule. Ra­pidement le sac déborde.

Éliminons gramme par gramme le poids superflu : coupons deux dents à la fourchette, le manche de la brosse à dents, réduire la serviette de toilette à un mouchoir de poche, coupons en 2 le savon.

Mais indispensables les chaussettes, le duvet, la cape de pluie. Oubliez le séchoir à cheveux et les charentaises. Quand c'est plein, il faut encore caser sa part de tente : double-toit ou tente intérieure ou mâts ou piquets ou sardines, plus la nourriture.

Il existe des aliments lyophilisés fournis en sacs hermétiques : viande ou légumes en poudre, pas trop lourds au départ.

Recette : trouver de l'eau, la faire chauffer, délayer dans le sac son contenu, laisser gonfler, atta­quer avec la cuillère cette matière pâteuse en essayant de tout ramasser, déguster, cracher, et pren­dre du saucisson ! Ce menu, immangeable, sera remplacé dès que possible par 3 produits de base : le saucisson, la purée mousseline, les potages en sachet, du fromage(ceux qui ne l'aiment pas auront une autre ration de saucisson).

Les problèmes de la nuit

Pendant longtemps nous avons fui les refuges : trop pleins, trop bruyants, trop civilisés. A nous la vie sauvage, le feu de bois, les nuits sous la tente, dans des chapelles, cabanes, bivouac à la belle étoile sous le ciel où se découpent les montagnes enneigées. C'est la façon la plus romantique de passer la nuit. Couchés sur un lit de feuilles, de fougères ou de paille nous pouvions en cas d'insomnie entendre les bruits de la nuit, faire fuir les petits animaux qui tentaient de grignoter des choses comestibles.

Il n'y avait pas à cette époque ces petits matelas mousses qui rendent plus souple un sol caillouteux. Quelle belle invention

La tente était le lieu de nuit le plus utilisé. Nous avions des tentes de 2 ou 3 places ou des tentes igloo plus vite montées. Au temps le plus lointain j'emportais ma tente personnelle : une tente verte, ou seulement le double toit. On pouvait coucher 5 - 6 -7... au petit matin les plus grands avaient les pieds dehors.

Quelques événements mémorables

Les Dolomites. Nous franchissons la frontière, qui en train, qui en voiture. Il pleut. Le camping est boueux, ça dérape. Le lendemain: soleil. On va pouvoir attaquer les « via-ferrata » : ce sont des voies d'escalade de différents niveaux, équipées de câbles et d'échelles . Ça permet de passer à des endroits où il ne fait pas bon regarder vers le bas. Parfois l'équipement est interrompu. Il faut passer sans ré­fléchir, sauf pour s'occuper des pieds. Ce n'est pas le moment de penser à ses petits-enfants restés à la maison ni d'appeler au secours sa maman qui heureusement ne voit pas ça . Comme vous voyez ,je m'en suis sortie, pourquoi pas vous ? Voici un refuge pour la nuit. C'est un abri servi - cylindrique métal­lique. Mais entrer douze dans un bivouac de 9 places n'est pas simple.

Il faut faire avec. Chacun se déchausse. Une odeur subtile se dégage des chaussettes enfin libé­rées des souliers où elles sont prisonnières depuis le matin.

Un jour suivant nous affrontons une autre situation. Si la plupart des gens sont hospitaliers, d'au­tres sont irascibles et violents. C'est le soir. Nous cherchons un endroit pour coucher. Clara et Marie-Pierre, fidèles aux conseils prodigués dans le guide vont dans une ferme demander l'autorisation de camper dans le pré voisin, au bord du ruisseau. Refus brutal du « Padre ». N'insistons pas. Un peu plus loin voici l'emplacement rêvé. Nous déballons. Pas de chance. C'est le même propriétaire que tout à l'heure. Le voici qui arrive et à grands coups de moulinets de bras nous ordonne de déguerpir. Dédé ar­rachant le bâton que Michèle tient à la main, se dirige menaçant vers l'affreux personnage tandis que Jacques brandissant une gourde va dans la même direction. Les injures fusent. On craint une rixe. Cla­ra, pacifiste, veut retenir Dédé par la chemise qui se déchire de haut en bas. On s'en tiendra pourtant aux échanges verbaux « conards », « fascistes », « Mussolini », « Hitler » ... finalement, ça se termine en comédie. On reprend le chemin. Ici un bel endroit au bord de l’eau. Le lendemain on verra au sortir de la forêt « interdit de camper ». Cette zone des Dolomites, c'est la saison des fleurs : les ancolies mau­ves, les aconits jaunes, les gentianes bleues, les renoncules en tous genres, les lys martagons, les lys orangés. Une fois passé l'étage de la végétation on arrive dans un monde entièrement minéral. On peut imaginer la splendeur de ce paysage couvert de nuages.

Revenons en France dans les Pyrénées. Vers le cirque de Troumouse et le Vignemale (3 298 m). Dans cette région nous avons eu affaire à des conditions météorologiques très défavorables. Les souvenirs que nous en avons sont plutôt humides : la première fois, un orage éclate à peu de distance d'un re­fuge, trop tard pour y arriver. On essaie de dresser les tentes : le sol est trop dur. On s'enroule dans les toiles de tente. L'eau passe partout. Nuit humide et horrible. Dès qu'il fait jour on va au refuge ; c'est plein de réfugiés de tous bords. On repart. J'ai oublié mon pantalon. Je dois en acheter un autre dès que possible.

La 2e fois : tempête de neige. Nous avons pu manger presque au sec. Mais bientôt nous sommes obligés de rentrer. Un peu plus tard Dédé est inondé dans sa tente. Il fait nuit. Pensant que dans la tente d'à côté, c'est mieux, il essaie la traversée. Ses pieds heurtent une grosse pierre, il tombe sur les copains, la tente se déchire et nous voilà tous mouillés. Mais la fée du logis, Clara, prend les choses en mains et à l'aide d'épingles trouvées par miracle, colmate l'ouverture. Imaginez la suite. Demain, nous allons à l'hôtel finir de réparer les dégâts.

Autre situation de détresse

Ici on est fatigué. On a grimpé des falaises schisteuses, glissantes. En fin de journée on cher­che un abri. On est au bord d'un lac, sur l'autre rive on voit une cabane juste en face. Il faut donc sui­vre le bord. On se traîne. Mais Jean-François a composé une chanson : si les paroles ne sont pas va­riées, elles donnent un certain rythme à la troupe harassée « manger, boire, dormir... manger, boire, dormir... » jusqu'à ce que le tour de la moitié du lac fût accompli. La cabane est enfin là...Dedans un énorme tas d'ordures. Nous avons tout enlevé ! ! Ah la belle vie !

Le lendemain il fait beau, on s'amuse dans les névés, on sait où il y a un refuge pour ce soir. On a tout prévu sauf l'imprévu. L ' après - midi le brouillard puis pluie et brouillard. Fin de journée très hu­mide, sentier invisible. Angoisse, fatigue, nuit. Je propose qu'on couche dans l'eau. Personne n'ap­prouve.

Longtemps après, on arrive à un refuge. Ce n'est pas celui qu'on cherche. C'est le suivant. Mais l'ac­cueil du gardien est sublime. Il nous fricote une soupe aux orties digne du plus grand chef cuisinier.

Le lendemain tout le monde est en forme. Ah ! les amis ! quelles balades, quelles aventures, quels liens d'amitiés se sont tissés ! Vous pouvez prendre la relève, il n'y a pas de danger , toujours quelqu'un veille, déroule la corde, tend une main secourable. Je dois dire que j'ai été plus souvent secourue que secouriste et puisque vous êtes curieux de le savoir j'arrive à soixante-seize ans avec de pleins sacs de souvenirs et de projets pour au moins 100 ans

Salut, les amis.

Suzanne CHAUVIN

PS : je peux vous dire que pour le centenaire je prendrai un ordinateur pour écrire I

 


L’auberge et L’Association, La Bourguette

 

L’auberge vous accueille à La Bastidonne (84), près de Pertuis.

La table de La Bourguette   : au cœur d'une exploitation agricole d'une centaine d'hectares (10 ha de vignes et 2,5 ha d’oliviers), cette auberge propose une cuisine familiale essentiellement de produits bio de la ferme et des environs. Dans la salle de restaurant, pierres apparentes et cheminée, à l'extérieur la terrasse est ombragée. Les vins sont de la région et du domaine dans les 3 couleurs. On est servi par les pensionnaires de L'E.S.A.T. ( Etablissement et Service d'Aide par le Travail ). Quant aux prix tout à fait raisonnables, ils permettent de soutenir le travail des résidents !

L’Association, La Bourguette :

Cette association-loi-1901 de bienfaisance, La Bourguette a créé, en 1973, les premières institutions médico-sociales spécifiques à l’autisme.

Elle permet aujourd’hui à plus de deux cents résidants, accueillis dans neuf établissements des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse et du Var, de vivre « leur vie » dans le respect et la dignité. Quelque 250 professionnels permettent à ces personnes de faire émerger leurs potentialités.

L’association La Bourguette est maintenant en mesure de proposer un accueil adapté à toutes les saisons de la vie : le temps de la petite enfance, le temps de l’enfance, le temps de l’âge adulte, le temps de la retraite.

Elle a peu à peu élaboré une approche originale d’accompagnement, fondée sur l’éducation, le travail, l’ouverture au monde, la socialisation par une vie partagée dans les villages, le sport et la culture.

Encadrés par des équipes pluridisciplinaires, certains de ses résidants adultes, aujourd’hui devenus travailleurs, tiennent une auberge, gèrent un moulin à huile et produisent de l’huile d’olive, des fromages de chèvre, du vin, des légumes et des œuvres en céramique; d’autres s’investissent au quotidien pour construire leurs parcours dans un environnement adapté. L’association favorise aussi l’expression artistique des résidants qui le désirent.

L’association La Bourguette ne cesse également de développer de nouvelles initiatives et d’améliorer les projets existants.

Elle se fait également un devoir, pour répondre aux attentes des nombreuses familles en recherche d’une solution d’accueil adaptée, d’assurer formations et conseils aux associations s’inspirant de son concept.

 


Les photos de Jean-Lucien