INITIATION SPELEO

(4 avril 2020)


Participants : 1  -  Narration : Jacques  -  Photos : J.C.  -  Mise en page : A. B.


 

En cette période de confinement, proposer une initiation spéléo… n’était-ce pas en rajouter une couche ? Mais partant du principe que mieux vaut traiter le mal par le mal, j’avais quand même décidé de maintenir cette sortie, enfin… « sortie » … Après tout, Serge n’avait pas le monopole de la spéléo au Club !

Mal m’en prit car nous nous retrouvions à nouveau 1 en ce dimanche 4 avril à l’entrée du « Placard » ! Mais le meilleur était là ; je me consolais donc en me disant qu’avec un tel Groupe – c’est à dire Lui – je n’aurai pas de problème : je connaissais bien ses capacités en spéléo, même s’il n’en avait jamais trop fait. La sortie étant présentée comme « initiation », j’avais mérité le groupe que j’avais. D’ailleurs, il ne regretta en rien de m’avoir suivi et mis ses pas dans les miens.

Le « Placard » est situé dès l’entrée de l’appartement que l’on atteint après une montée de cinq étages et 122 marches. Le Placard, ça se mérite ! A deux mètres sur la gauche dans la courbe formée par l’escalier extérieur se trouve donc l’entrée du dit-Placard : une vieille porte qui grince un peu mais qui s’ouvre sans penne (admirez le jeu de mots !). De l’extérieur, rien ne laisse présager les surprises qui nous attendent.

Dès la porte franchie, la première salle vous saute au visage ! Vous ne savez plus où poser le regard ! Sur la gauche les « Stalactites des Cravates », aux couleurs et motifs aussi surprenants.tes que variés.es attirent tout de suite l’œil, tandis que plus loin se profilent déjà les fameuses « Draperies des Chemises » dont certaines ne sont pas sans évoquer la mode rétro des années 70. Mais vous ne pourrez pas aller plus avant si vous n’avez pas passé le danger qui vous guette à droite de l’entrée : la terrible « Planche à Repasser » prête à vous basculer dessus au moindre faux mouvement ! Cela dit, vous la repérerez facilement : à ses pieds, en contrebas, elle est flanquée du « Fer à Repasser » qui serait tout aussi dangereux s’il était situé en hauteur et souvent en activité. Mais le propriétaire des lieux n’étant apparemment pas un as du repassage, l’objet ne souffle que très rarement de la vapeur et semble même bien entartré ! De plus un tremblement de placard l’a fait choir jusqu’au sol où il repose à présent, totalement inoffensif (la datation de ce séisme est incertaine : vers le début de ce siècle probablement).

En face du « Fer du Repasser », un site beaucoup plus accueillant et paisible : « Les Orgues aux Pantoufles », un lieu de rangement, plus ancien que le « Fer à Repasser », que l’on date de l’ère du « Chauvinus Guysus » ; immuable depuis. Ces Orgues se présentent sur deux rangs avec des alvéoles ayant conservé quelques vestiges de vieux chaussons pour certaines.

Ayant franchi non sans mal mais avec les précautions nécessaires à ce genre d’initiation cette première partie de la caverne, le Groupe –c’est à dire Lui – se dirigea ensuite vers le redoutable « Siphon des Draperies des Chemises » qui fait communiquer la première salle avec les « Etagères à Dossiers », dans la deuxième partie du « Placard ». Ces Etagères présentent un grand intérêt archéologique car renferment de nombreuses archives qui, dévoilées, éclairent sur les étranges mœurs, passées ou actuelles, des occupants des lieux. Mais pour les atteindre, comme on a dit, il faut passer sous les « Draperies » par un siphon étroit et très abaissé, longé tout du long par le « Tuyau de Plomb » dans lequel coule une rivière souterraine hélas invisible à l’œil nu.

Le passage du Siphon impose de se plier en deux en se contorsionnant pour éviter le bas des draperies, fragiles, qui pourraient facilement, si on les heurtait, vous tomber sur la tête, mettant fin prématurément à votre incursion dans les profondeurs du « Placard ». D’ailleurs au milieu de celui-ci ne découvre-t-on pas les « Chaussures des Géants », sortes de vieilles baskets aux couleurs vives dont la légende dit qu’elles étaient portées jadis par un propriétaire des lieux qui se serait imprudemment aventuré ici et aurait été écrasé par une pile de chemises lui tombant dessus. Il ne resterait plus de lui que ces trois chaussures qui se visitent encore de nos jours et qui ont conservé une partie de leur odeur.

 

C’est donc avec une extrême prudence, mais sans s’attarder, que le Groupe –c’est à dire Lui – passa le Siphon, réussissant toutefois à prendre une superbe photo du bas des « Chemises » que vous pourrez voir, illustrant ce compte-rendu.

Ce danger écarté, la récompense fut à la hauteur. Même si les « Etagères des Dossiers » n’est pas le plus bel endroit du « Placard », son intérêt historique est évident. Malheureusement, ayant perdu pas mal de temps à l’entrée pour contrer à trois reprises l’attaque de la « Planche à Repasser » et s’étant un peu pris la tête dans le bas des « Draperies… », le Groupe –c’est à dire Lui – n’eut que peu de temps pour consulter tous les « Dossiers ». Il dut se contenter du « Dossier Impôts » qui contenait pas mal de malversations depuis le début de ce siècle et fut très intéressé par le « Dossier Chômage », lequel laisse à penser que l’occupant des lieux put être de la race « intermittent du spectacle », en voie de disparition surtout depuis l’épidémie de Covid-19 qui ravagea notre planète à partir de 2020. L’étagère « DVD » est aussi intéressante mais peu fournie : à signaler le DVD de « Merci Patron » de François Ruffin, ainsi qu’un certain nombre de films à thème un peu chiants qui nous font dire que l’habitant avait certainement des accointances politiques un peu… hors normes (mais cela ne nous regarde pas !)

Le retour se fit par le même chemin, non sans s’offrir un dernier coup d’œil vers le haut du « Placard » pour admirer le superbe « Alignement de Cintres », en bois, en métal ou en plastique rouge au-dessus des « Chemises » : une perspective qui n’a rien à envier à la perspective Nevski ou aux alignements de Carnac.

Un dernier coup d’œil goguenard à notre amie la « Planche à Repasser », qui cette fois nous laissa tranquille, et nous pûmes regagner la sortie, ébloui par le soleil de printemps encore haut dans le ciel.

Il est vrai qu’aujourd’hui, le Groupe –c’est à dire Lui – n’avait pas beaucoup bronzé !

 Et c’est autour d’un bon café qu’Il se sépara, se donnant rendez-vous pour une prochaine rando, laquelle, espérons-le, réunira une grande partie du Club dans la campagne de printemps restituée enfin aux randonneurs !

Jacques