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LE WEEK-END DE PAQUES |
(11-12-13 avril 2020)
Une nouvelle aventure de Jacques
Voici en préambule, "l’Annonce faite aux AN", par Jacques, d'un WE de remplacement pour Pâques :
Les ami.e.s,
Comme nous le craignions, notre week-end de Pâques dans le Gard, proposé par notre amie Mireille, ne pourra se tenir. Ce n’est que partie remise et encore merci, Mireille, de nous avoir proposé un nouveau séjour dans ta belle région.
Mais rien n’est perdu pour Pâques ! Je propose un week-end "randonnée et culture" de 3 jours en Région des Confins-Consolat. Voici le programme :
samedi 11 avril : La Chaîne des
Electro-Ménagers -
Une magnifique balade qui nous fera découvrir des sites électro-ménagers peu visités dont certains sont de véritables sites antiques, à la limite de l’utilisable ; d’autres, plus modernes ouvrent un véritable débat sur la question de l’obsolescence programmée ou de la consommation utile.
Une randonnée un peu longue, avec pas mal de dénivelé et des changements de température possibles (prévoir vêtements en conséquence). RV assez tôt le matin pour ne pas finir trop tard.
dimanche 12 avril : Le Tour des Sources d'Energie -
Une très longue balade pour découvrir les Sources de l’Energie, qui alimentent en plusieurs points l’ensemble de cette région pourtant confinée (sources de l’Eau, de l’Electricité, Ligne de Partage, Confluents, sources souterraines…)
Attention! Balade réservée aux randonneurs.ses expérimenté.es !
Beaucoup de dénivelé, longues distances et passages parfois périlleux (en particulier le « Dessous de l’Evier », que le groupe qui a fait la spéléo la semaine dernière dans le Placard connaît bien -) randonnée déconseillée aux enfants en raison des nombreux fils électriques encombrant certains passages. Se renseigner.
lundi 13 avril : Visite du Musée
« Suzanne » -
Programme allégé pour ce dernier jour pour permettre à ceux qui ne veulent pas rentrer trop tard de partir en début d’après-midi. Nous visiterons en exclusivité le Musée « Suzanne », randonneuse AN et peintre célèbre qui vécut ici de 1984 à 2009, Le lieu regroupe, de manière un peu anarchique, un grand nombre de ses oeuvres (recueillies par son fils Jacques, que certains.nes connaissent peut-être). Le reste de ses peintures se trouve essentiellement dans sa demeure de Rustrel (Vaucluse) et quelques-unes sont dispersées chez des AN fortuné.es (Clara-Christophe à Vitrolles, etc…).
Cette visite sera l’occasion de re-découvrir notre amie peintre (disparue depuis peu) à travers l’éclectisme de son oeuvre.
Hébergement-Repas :
Nous serons tous.tes hébergé.es sur place avec un lit de 140 pour tous.tes. Selon le nombre on sera un peu serré.es mais je sais que ça ne déplaira pas à certains.nes … on pourra aussi installer des matelas de secours dans le salon.
Repas : auberge espagnole - Notre hôte offre l’apéro et le café.
Attention ! Nombre de places limité ! (Filles prioritaires et sélection préalable). Mettre votre photo sur le site si vous ne l’avez pas encore fait.
Renseignements : Jacques
Nous avons fait suivre l'annonce des premières réactions et « inscriptions » des AN :
Quel machisme !
Pas intéressée. Ta photo ne m’inspire pas !
M.
Bonjourà tous,
Wee-kend de Pâques très mouvementé ! ça promet !! MDR ;
Merci Jacques pour tes textes très originaux !
Par contre, je n'ai pas vu de photo .......lorsque je clique sur les liens il n'y a rien, d'ailleurs le mail m'indique que c'est un spam...bizarrerie de l'Internet...
Très bonne semaine à tous, moi je fais du télétravail, dur d'être confinée sans voir personne depuis 3 semaines
Merci à tous pour vos petits messages sympathiques et à très vite !
Bises
S.
Bonjour Jacques, bonjour à tous,
J'aimerais beaucoup m'inscrire à ce week-end de Pâques. J'arriverai certainement trop tard pour la randonnée de samedi mais je l'ai déjà faite plusieurs fois, surtout ces derniers temps. Par contre, je serai très heureuse d'être des vôtres dimanche et lundi. Une question importante tout de même : les chiens seront-ils admis ? C'est souvent ce qui coince pour moi dans les week-ends AN mais je me dis que vu le mode d'hébergement. Et puis, je peux prendre ma tente spéciale "mon jardin à la belle étoile". Du coup, ça ne devrait pas poser de problème....
Merci et à bientôt de te lire en attendant de se voir.
Amitiés
N.
Bonjour Jacques,
Heureuse de lire que les AN se portent au mieux.
Merci pour ce week-end proposé "au pied levé"....
Partager "Les rêveries du Promeneur Solitaire" que TU es, est-ce vraiment raisonnable et recommandé ????
La chaîne des Electro-Menagers et le Tour des Sources d'Énergie très peu pour moi...je commence à faire une overdose du premier et le second est trop technique pour moi...
Par contre le musée Suzanne m'intéresse fortement...un peu d'originalité serait bien venue
Il me tarde également de découvrir cette artiste randonneuse et peintre qui a engendré la progéniture énigmatique qui propose ce week-end.
Pour le repas je propose un dessert à base de Gariguettes accompagné d'un petit Champagne de derrière les fagots...
Pour l'hébergement je suis désolée, mais il est de mon devoir de Présidente de rappeler à tous que la promiscuité ne me semble pas recommandée en ces temps de confinement...
Ne m'en veux pas d'avoir gâché tes tentatives de rapprochement avec certains.nes, tu te rattraperas plus tard...
J'attends patiemment l'ouverture du Musée Suzanne et vous souhaite à tous le meilleur…
Prenez soin de vous et des vôtres...
A très vite...
M.
Joyeuses Pâques à tous.tes.!
Moi je suis parti au week-end confiné de Jacques. Bon, aujourd’hui « on »a modifié un peu le programme... mais demain on vous attend nombreux -ses pour le Musée Suzanne.
Amitiés
Jacques
Et voici enfin ! par lui-même, le récit picaresque et authentique de ses aventures :
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WEEK-END DE PAQUES |
(11-12-13 avril 2020)
Finalement réduit au Musée Suzanne
(13 avril 2020)
Participants : 3 !
Samedi
11 avril :
Une tentative de Chaine des Electro-Ménagers qui tourne à la scène de ménage
Ça m’apprendra à proposer des week-ends « macho » : « Filles prioritaires ! », n’importe quoi ! Bin sûr c’était l’occasion pour que tout le monde mette enfin sa photo sur ce trombinoscope ! Et tant pis si on n’avait pas de bonne photo, l’essentiel étant qu’on puisse enfin mettre un visage derrière les noms ! On n’est pas obligé de tous-tes se connaître ! Surtout les nouveaux-velles.
Bon, ben c’était raté : la solitude du confinement ne serait pas rompue aujourd’hui. Un groupe très réduit pour ce week-end. Mais une bonne surprise quand même : nous étions 3 ! Moi, moi, et moi ! (Notre photo) Un succès par rapport aux précédentes sorties : par un processus de démultiplication astucieux, « Il » (constituant un groupe, « Je » peux à présent parler à la troisième personne) était parvenu à multiplier par trois la fréquentation, évitant de justesse une nouvelle annulation de ce week-end de Pâques, lui-même se substituant déjà au regretté séjour dans le Gard proposé par Mireille.
Le Groupe –c’est à dire Eux (moi, moi et moi) -, bien que non paritaire, avait donc une décision importante à prendre en ce samedi matin : maintenir les deux randos prévues au programme : la Chaine des Electro-Ménagers (samedi) et les Sources de l’Energie (dimanche). Le débat fut animé. Moi soutenait qu’étant responsable de ces sorties, il n’était pas question d’annuler ou de changer quoique ce soit ! Il en avait assez de voir semaine après semaine sur le site du club : « En raison d’un empêchement particulier, l’activité est annulée ». Mais bon sang où était aujourd’hui « l’empêchement particulier » ? N’avions-nous pas un groupe constitué ? Ne nous étions-nous pas levés tous les trois à 6 heures du matin (oui, ils avaient le sommeil agité) pour être à l’heure au pied du frigo ?
Moi - Pourquoi le frigo ?
Moi – Le premier de la chaine des électro
Moi – Ah oui !
Effectivement, un véritable dilemme se nouait au pied du dit frigo :
Moi – Puisqu’il n’y a que nous, on le connaît déjà ce frigo… Pas la peine de le refaire !
Moi – Oui et puis, il fait pas chaud ! Alors le frigo… Et puis en haut, y a le congel’ ça va cailler ! J’ai pas mes crampons !
Moi – Mais enfin juste après, y a le four ! Je l’allume, si vous voulez !
Moi (intéressé) – À combien ?
Moi – Mais à 200°, pourquoi pas ?!
Moi – 200° ! Ça va pas non ?
Moi – Ben quoi ! Au moins on aura des sensations fortes !
Moi – Allez ! On se prend une grille chacun ! On se fait une bronzette !
Moi – Non, non, non ! Moi, j’aime pas la chaleur !
Moi – Et le grille-pain alors ?
Moi – Parce que tu comptais nous faire griller juste après le four ?
Moi –Avant, y avait un passage à la machine à laver ! Pour se rafraîchir !
Moi – Quel programme !
Moi – Je sais pas … 30° ?...
Au bout d’une heure, le Groupe –c’est à dire Eux (moi, moi et moi) - n’avait toujours pas réussi à se mettre d’accord, Moi voulant tout faire, Moi ne rien faire et se recoucher et Moi proposant de tout faire en même temps, ce qui mit Moi dans une fureur folle :
Moi – Tout en même temps, mais ça va pas ! On va tout faire sauter !
Moi (effrayé) – Pourquoi ? T’as le nouveau Linky ?
Moi – Non. J’ai refusé, tu penses !
Moi – Ah… Tu me rassures. Mais bon c’est vrai que même ton vieux compteur… Il va pas tenir le coup.
Moi – Allez, on se recouche et on se fait une télé.
Moi – Ah ben non !
Moi – Pourquoi ?
Moi – C’est un électro-ménager aussi. Et tu veux pas faire la rando !
Moi – Ah zut !
Moi – On est coincés.
Moi – Bon, alors, qu’est-ce qu’on fait ?
Moi - …
Moi – C’est dur le confinement pour trouver toujours des randos intéressantes.
Moi – Elle était intéressante celle-là !
Moi – Non. Ils-elles ont tous des frigos chez eux-elles.
Moi – …et des fours…
Moi - … et des télés…
Moi – Ouais, vous avez raison : C’était peut-être pas une bonne idée de dépaysement…
Moi – Ah ! Tu y viens !
Moi – Bon, allez ! On est là, on est coincés, faut faire quelque chose !
Moi – On… lit ?
Moi et moi (ensemble) : QUOI ?!!!
Moi – Ça va pas non !!!
Moi – Attendez, les mecs, j’ai un super-livre !
Moi – Quoi ? « La Peste » ?...
Moi - … « Le mystère de la chambre jaune » ?
Moi- « Trois hommes dans un bateau » !!!
Et c’est ainsi que cette première journée se termina autour d’un bon bouquin dont le Groupe–c’est à dire Eux (moi, moi et moi) - fit la lecture à tour de rôle.
Dimanche
12 avril :
Les Sources de l’Energie : comment péter les plombs en étant confiné
La nuit fut agitée. Il avait eu beau dire qu’on se serrerait, il n’avait pas imaginé à quel point la promiscuité dans un lit de 140 serait difficile. Quelle idée aussi de faire « refuge » à la maison ! Ah, les week-ends de rando confinés : pas faciles à vivre ! Il est vrai que tous trois s’étaient avoués souffrir de la solitude mais finalement la solitude avait du bon par moments. A peine un jour qu’Il était ensemble et déjà Il se comportait comme un vieux couple – ou plutôt un vieux ménage à trois – puisque qu’Il avait décidé qu’Il serait trois.
Lui – Chut ! Tu ronfles !
Lui – Je ronfle pas, je respire !
Lui – Ben dis donc, tu as des problèmes de respiration alors !
Lui, se redressant brusquement : Tu crois que c’est le virus ?
Lui – Oh là là ! Hypochondriaque, en plus !
Lui – Moi ? Non !
Lui – Si, tu flippes ! Parce que t’es seul !
Lui – Vaut mieux être seul que mal accompagné !
Lui – C’est pour moi que tu dis ça !
Lui – Non. Pour Lui !
Lui- Qui ça, Moi ?
Lui – Pas Toi ! Lui !
Lui – Moi ?!!!
Lui – Oh Vous ça suffit ! Dormez !
Lui – Tu vois ! Tu réveilles tout le monde !
Lui – Il est habitué ! Une fois dans un refuge de montagne, il avait tellement de fièvre qu’il a empêché tout le monde de dormir : il a passé la nuit à déclamer les stances du Cid !
Lui (affolé) : Tu crois que j’ai la fièvre ? C’est le virus !
Lui – Bon ça suffit maintenant ! Y’a pas plus de virus que d’AN dans ce lit !
Lui – Je comprends pas bien ce que tu veux dire …
Lui – C’est pas grave ! Dors !
Bref, comme d’habitude la nuit en « refuge » fut agitée. Et effectivement le confinement des refuges ne Lui avait jamais bien réussi. Le confinement tout court.
Au petit matin, Il n’avait plus d’énergie. Il décida de se consulter.
Lui – Vous avez bien dormi ?
Un grommelot incompréhensible lui répondit.
Un réveil de groupe en week-end est toujours un grand moment. On n’a pas l’habitude de se voir au saut du lit. Quand on se retrouve le dimanche à 9h30 au départ de la marche, chacun a eu le temps de masquer les frasques de sa nuit. Là, non.
Il se regarda dans la glace.
Quelque chose semblait manquer. Ou quelqu’un. Ou quelques-uns. Ou quelques-unes.
Il se regarda dans la glace.
Il fit jouer les deux portes latérales de l’armoire à glace. S’y regarda.
Elles étaient vides. Vides de toute image. Il n’était plus là. Ou plutôt se trouvait bien seul tout seul. Le Groupe - c’est à dire Eux (moi et moi) - étaient partis.
Ils étaient partis dans la nuit. Sans prévenir.
Ils ne voulaient donc pas faire les Sources de l’Energie ? Il fallait le dire. Il aurait pu en discuter. Avec Lui. Mais Lui et Lui avaient préféré partir. Il se dit qu’il avait peut-être ronflé trop fort… Mais non, il ne ronflait pas. Tout juste une légère respiration. Au Club, il y en avait qui ne se contentaient pas d’une « légère » respiration ! Cela le fit sourire.
Pas d’Energie aujourd’hui, alors ? Bon. Il fallait s’y résoudre.
On était bien dimanche. De Pâques. Mais il n’y avait pas de groupe. Pas d’AN. Pas d’AN ! Pas de rando ! C’est pas du jeu ! Si, c’était du « je ». Il était redevenu « je », comme tant d’autres.
J’allume la télé. Le Pape est tout seul, lui aussi, sur la Place Saint Pierre. Confiné, mais plus d’espace.
Je me dis que cette idée des visites des sources de l’Energie… un peu banal… Tout le monde chez soi a un lavabo, un évier, une douche… des fils électriques…
Et puis, j’ai pas trop d’énergie aujourd’hui.
Je vais me faire une sieste.
Je suis sûr que demain pour le Musée Suzanne, ils-elles seront tous-tes là. Mais au cas où… Il vaudra mieux que je le mette en ligne.
Lundi
13 avril :
Le Musée Suzanne
A l’entrée du Musée Suzanne, une plaque rappelle le lien historique de la peintre-randonneuse avec le Club : « 50 ème anniversaire Amitié et Nature 1954-2004 – À Suzanne Chauvin »
Suzanne ne s’est mise à la peinture que sur le tard. Elle avait alors quasiment mis un terme à son activité de randonneuse. On ne sait à quelle date Suzanne a adhéré au Club. On n’a pas retrouvé sa première carte. Mais sur celle de son mari, Guy, on peut lire : « Date d’adhésion : 1/8/1959 ». Sur une autre page de la carte, une vignette de 1963. C’est probablement à cette époque que le couple a rencontré le club de Marseille en balade à Rustrel d’où Guy était originaire.
L’œuvre de Suzanne est fortement marquée par la randonnée ou le voyage. On ne trouve que peu de portraits dans celle-ci, le plus célèbre étant celui de « Jacques dans la Ménagerie de verre » (coll. Privée de Robert, leur voisin, à Rustrel). Il s’agit du seul tableau vendu de Suzanne, post-mortem. Comme Van Gogh (qu’elle a remarquablement copié – « Les Tournesols » et « Le Ciel étoilé » - présents dans ce musée) sa côte a explosé après sa mort : le « Jacques… » en question s’est vendu… 50 € ! Beaucoup plus de valeur que le modèle, le fils cadet de la peintre étant compromis dans des trafics de spectacles louches (dont le prochain – à ne pas manquer dès décembre 2020- ) et connu pour son machisme exacerbé…
A l’instar de Cézanne, Suzanne peint.
Elle peint très souvent les sites de Provence (salle « Provence ») qu’elle a parcourus à pied avec le club : la Sainte Victoire (deux toiles), des rues ou places de Rustrel avec ses fontaines, ses cafés, mais également quelques toiles représentant Marseille (salle « Marseille »), le célèbre « Clocher des Accoules », dont deux versions sont présentées ici : une aquarelle, qui demeure une étude (on distingue d’ailleurs le quadrillage utilisé pour le dessin de base) et une huile, fidèle à l’étude. A noter, dans cette salle, une superbe aquarelle représentant « l’abbaye de Sénanque ».
Le « Voilier dans le port de Marseille » interroge et nous renseigne sur le goût des voyages et des randonnées à l’étranger que Suzanne fera entre 60 et 75 ans. En regardant bien, on distingue sur cette toile le nom du bateau : le « Lefkos ». Ce nom est totalement anachronique ; Suzanne réunit en fait dans ce tableau deux sites qu’elle a connus : Marseille, bien sûr, où elle a passé une grande partie de sa vie, et la Grèce, plus particulièrement Karpathos, l’île du Dodécanèse qu’elle a parcourue à pied à deux reprises avec son fils, l’aventurier Jacques[1] ; Lefkos est en effet le nom d’un petit port de cette île grecque.
Le voyage (salle « Voyages ») tient une part importante dans la vie et l’œuvre de Suzanne. Mais ne s’étant libérée que sur le tard de la tyrannie masculine, elle n’a pas eu le temps d’assouvir totalement cette passion, se contentant de quelques incursions dans le Sahara (qu’elle adorait – elle a vécu à Alger de 1954 à 1956), de plusieurs voyages en Grèce et à Madère[2]. Pour autant, peu de peintures pour rappeler ces séjours… Suzanne n’avait-elle pas pensé à prendre ses carnets de dessins pour fixer ses impressions – ou ces carnets ont-ils disparu ? - Ne demeurent dans ce musée que trois témoignages : une aquarelle représentant des « Moulins » (à Karpathos ? -1996- [3]) et une huile sur toile et une autre sur carton représentant des scènes sahariennes, non signées ! Pourquoi Suzanne ne signe-t-elle pas ses œuvres sur le désert ?... Un mystère auquel les experts n’ont pas encore apporté de réponse[4].
La salle « Aquarelles » présente moins d’intérêt, même si cette technique a semblé un temps séduire Suzanne, tentée par la rapidité d’exécution de celle-ci. Des extraits de son carnet sont ici exposés mais il s’agit essentiellement d’études.
La salle « Voyages en France » est en cours d’élaboration : un seul tableau aujourd’hui, représentant peut-être un village de l’Aveyron (où elle est née). Mais elle a sûrement peint à plusieurs reprises sa région natale.
Enfin, près de la sortie ne ratez pas le clou de l’expo : la « Palette » originale de la peintre, œuvre d’art en soi mais surtout témoin de toute une carrière d’artiste.
Une peintre méconnue.
Elle-même était-elle fière de ce qu’elle était ? Ses différentes signatures sur ses tableaux : « Su », « S », « Suzanne », « Suzanne Chauvin », « S Chauvin », ou ses absences de signature… reflètent-elles une personnalité qui s’est toujours cherchée ? Une peur d’être ce qu’elle était vraiment (devenue) ?
Seul son fils cadet, Jacques, au club depuis 1965, qui l’a souvent accompagnée dans ses périples de randonneuse, depuis le Tour du Mont Blanc en 1973 en passant par les Ecrins, le Grand Paradis et le Mont Rose, enfin à Karpathos et jusqu’à un fameux Tour de France à vélo[5] de 2001 à 2005, détient peut-être une des clés du secret que taisait Suzanne.
En tout cas les AN se souviennent d’elle. Même ceux qui ne l’ont pas côtoyée croîent aujourd’hui la connaître tant elle marqua l’histoire du club durant un demi-siècle. Les AN se la rappellent comme une randonneuse éprise de liberté. Son œuvre, tardive et relativement courte (une dizaine d’années 1990-2000 ?) mais pléthorique, rappelle l’appétit de vivre et de découvrir qui l’a toujours habitée, mais qu’elle a dû souvent refouler.
Nul doute que cette liberté, pour laquelle tout-e randonneur-se marche, s’exprime ici. Sans limites.
Jacques
1 - Lire à ce sujet l’excellent bouquin de ce dernier sur Karpathos : « l’Ile suspendue » -Ed Bénévent- 2005 – épuisé, contacter l’auteur
2 - Une partie des cendres de Suzanne ont d’ailleurs été dispersées dans ces deux pays.
3 - Elle est allée à Karpathos en 1994 et 2000
4 - secrets après leur disparition.
5 - Fameux périple dont s’inspire le formidable spectacle « Ma Petite Reine – Le tour le plus long » (disponible à partir de décembre 2020), qui évoque Suzanne et la passion commune pour le vélo de la mère et du fils.
Diaporama des tableaux du musée
